Sommaire
Page 3 – Éditorial – par W. Delvingt
Page 4 – Les terrils de charbonnage – par J. Saintenoy
Page 7 – François Crépin et la flore fossiles des terrils – par J. Saintenoy
Page 8 – Aperçu de la faune du terril Saint-Antoine (Boussu-Dour) – par M. Derume et C. Bauffe
Page 11 – Le Terril du Gosson (Saint-Nicolas), refuge d’espèces remarquables – par P. Hauteclair, A. Derouaux, R. de Schaetzen
Page 15 – Redécouverte de la petite cuscute (Cuscuta epithymum) et autres observations liées aux landes et pelouses sur sable en Brabant wallon – par C. Percsy
Page 18 – Progrès de la certification forestière FSC dans le Bassin du Congo – par W. Delvingt
À découvrir dans ce numéro
Des montagnes de suie devenues refuges de vie
Les terrils, ces collines de déchets miniers autrefois désertiques, sont devenus des îlots de biodiversité. Sur leurs pentes brûlantes, dans leurs mares saumâtres et leurs sols en combustion, une flore et une faune surprenantes prospèrent. Ces cathédrales industrielles sont enfin protégées, symboles de misère ouvrière transformés en trésors écologiques.
La brutalité soulève la poussière du Pays Noir et les forêts fossilisées ressurgissent
Fin XIXe, le botaniste Crépin arpente les terrils le dimanche, marteau en main. Son secret ? Trinquer avec les houilleurs et parler patois. Car sous leurs coups de pioche surgissent, sans qu’ils le sachent, les fougères géantes du Carbonifère – forêts de 300 millions d’années enfouies dans la roche noire.
La montagne noire se met au vert
Le terril Saint-Antoine, ancien tas de déchets miniers entre Boussu et Dour, abrite aujourd’hui une biodiversité surprenante avec des roselières colonisées par la Gorgebleue à miroir, le crapaud calamite et la rare coccinelle des roseaux. Ce paysage mêle zones nues brûlantes où vivent des sauterelles méditerranéennes, comme le grillon d’Italie, des papillons machaons, et même des perdrix grises dans les espaces dégagés.
Le géant sombre, gardien inattendu du vivant
Le terril du Gosson à Saint-Nicolas cache un trésor écologique insoupçonné avec 600 crapauds calamites, 40 espèces de papillons, dont l’azuré frêle rarissime, des sauterelles turquoises protégées et près de 200 plantes différentes qui prospèrent sur ses pentes brûlantes. Ce site offre un refuge à des dizaines d’espèces en danger qui ont trouvé dans ces friches industrielles leur dernier sanctuaire. Le public ignore totalement ces richesses cachées derrière l’image du « tas de charbon », d’où l’urgence de sensibiliser les habitants pour protéger ce patrimoine vivant avant qu’il ne disparaisse sous les arbres ou les motos sauvages.
Renaissance jardinale
Une simple restauration d’un jardin privé à Lasne a permis la réapparition miraculeuse de la petite cuscute, plante parasite disparue du Brabant depuis 1985, prouvant que les graines dormaient depuis des décennies dans le sol sablonneux sous les vieilles callunes mourantes. En arrachant les arbres envahissants, en ratissant énergiquement la litière et en laissant le soleil réchauffer à nouveau le sable, la propriétaire a vu surgir en 2007 cette espèce protégée aux côtés de criquets rares et de papillons typiques des landes.
Les géants du bois changent enfin de cap
La certification forestière responsable progresse enfin dans le Bassin du Congo : en un an, la surface certifiée a quadruplé pour atteindre 1,3 million d’hectares, prouvant que les grandes entreprises européennes abandonnent leur méfiance. Ces avancées encourageantes ne concernent toutefois que les géants du secteur, alors qu’une politique forestière en voie de changement tente de convaincre et surtout d’aider financièrement les petites et moyennes entreprises à prendre le bon cap.