Des souris et des hommes

Quels sont les points communs entre Mickey, Jerry, Speedy Gonzales, Brisby, Spip, Screwball Squirrel, Taupek, Basil, Bernard et Bianca, Ratatouille et beaucoup d’autres ? Ce sont tous des personnages intelligents et malicieux dont les facéties dans les contes populaires, les dessins animés ou la bande dessinée ont amusé des générations entières d’humains. Mais ce sont également tous des micromammifères. Tantôt mignons, tantôt agiles et téméraires, souvent à proximité de nous, il n’est pas difficile de leur prêter un caractère anthropomorphique. Pourtant, leurs rôles culturel et social ne sont que des aspects anecdotiques au regard de leur rôle écologique.

Les micromammifères, ces petits êtres poilus à la durée de vie souvent brève, sont essentiels dans l’équilibre de nos écosystèmes. Ils sont nombreux et partout, mais passent souvent inaperçus. Leur impact sur la chaîne alimentaire est capital. Souvent granivores, frugivores ou insectivores, ils servent eux-mêmes de repas à toute une série de prédateurs à poils ou à plumes. Leur utilité quant à la dispersion des graines n’est pas non plus négligeable. L’exemple le plus célèbre, c’est l’écureuil, cachant un nombre incalculable de glands, de faînes et de noisettes dans le sol, et qui se transforme involontairement en jardinier de la forêt quand il oublie l’emplacement de ses garde-mangers.

L’aspect attendrissant de la plupart des micromammifères ne doit pourtant pas nous faire oublier qu’ils sont également des vecteurs de germes pathologiques tels la leptospirose, le hantavirus ou la maladie de Lyme. Par le passé, les puces hébergées sur les rats étaient les vecteurs de la peste.

Tout ce petit monde utilise un langage beaucoup plus élaboré que ce que les apparences pourraient nous laisser croire. Là où notre oreille n’entendra qu’un « kwîîk » strident, il est fort à parier que certaines créatures souterraines utilisent un vocabulaire bien plus étendu, mais aux fréquences inaudibles pour les humains. Seul un appareillage spécialisé permet d’en connaître toute l’étendue.

Plusieurs espèces présentes en Wallonie ne sont pas des raretés, que du contraire, elles apprécient la compagnie des humains et profitent discrètement, mais obstinément de nos excès alimentaires. Les plus opportunistes squattent volontiers nos annexes, nos habitations ou carrément nos vieux meubles. D’autres se contentent du confort d’un beau jardin avec vue sur potager. Ce n’est pas le cas de toutes. Alors que les espèces communes comme le rat, la souris, le campagnol, l’écureuil et le hérisson se rencontrent couramment, dumoins encore pour le moment, qui a déjà vu un muscardin ou un Grand hamster ? Deux espèces protégées dont l’une en danger critique d’extinction en Wallonie.

Nous espérons que ce nouveau numéro des « Carnet des Espaces Naturels », qui dresse une liste complète et décrit les micromammifères présents en Wallonie, vous permettra de mieux les connaître, mais aussi de faciliter leur détection dans l’environnement pour la récolte de données liées à leur répartition. Qui sait, peut-être que comme cela s’est fait en Normandie et en Bretagne, la Wallonie aura bientôt droit, elle aussi, à son atlas mammalogique qui permettra in fine d’intégrer les micromammifères dans une liste rouge pour pouvoir en définir les priorités de conservation.

Cet article est l’édito des Carnets des Espaces Naturels N°16.

Crédit photo : Souris domestique (Mus musculus) © Matthieu Berroneau

Si cet article vous plaît, partagez-le …

Dernières actus