Des insectes qui ne peuvent se passer de la vipérine
La vipérine commune (Echium vulgare), plante bisannuelle de la famille des Boraginacées, est bien adaptée aux milieux secs. On la trouve principalement en Calestienne et dans la vallée de la Meuse, mais elle s’accommode aussi d’environnements atypiques, comme les terrils des anciens sites miniers ou anciennes ardoisières. Ses fleurs bleues et mauves en grappes, qui éclosent dès avril jusqu’à la fin de l’été, attirent de nombreuses espèces d’insectes. Découvrons ensemble ces espèces qui dépendent de la vipérine commune.
Biocénose – ensemble des êtres vivants qui peuplent un écosystème donné. Elle se compose de trois groupes écologiques fondamentaux d’organismes : les producteurs (végétaux), les consommateurs (animaux), et les décomposeurs (bactéries, champignons, etc.).
Les abeilles sauvages inféodées à la vipérine commune
Certaines espèces d’abeilles sont inféodées à la vipérine, c’est-à-dire qu’elles dépendent de cette plante pour leur survie. C’est le cas de l’osmie épineuse (Hoplitis adunca) et de l’osmie mate de la vipérine (Hoplitis anthocopoides). Ces abeilles utilisent exclusivement le pollen de vipérine pour nourrir leurs larves, ce qui les rend complètement liées à cette plante pour leur cycle de vie.
L’osmie épineuse, qui se reconnaît par sa brosse ventrale blanche (scopa), voit celle-ci devenir bleu-gris en se chargeant du pollen de vipérine. Elle construit son nid dans diverses cavités naturelles, qu’elle sépare avec de l’argile. L’osmie mate, un sosie presque parfait de la première espèce, fabrique son nid sur des surfaces de pierres nues à l’aide de cailloux et d’argile. Cette espèce rare a été redécouverte en Wallonie en 2020 sur un terril, après 70 ans d’absence.
Des punaises inféodées à la vipérine
Deux espèces de punaises peuvent être facilement observées sur la vipérine. La punaise réticulée de la vipérine (Dictyla echii), de la famille des Tingidae (punaises dentellières), est inféodée aux Boraginacées, mais elle est particulièrement abondante sur la vipérine. Elle est également connue sous le nom de tigre de la vipérine. Active en mai, cette punaise se nourrit principalement sur les rameaux supérieurs et les inflorescences, où elle ponctionne les sucs de son hôte.
L’espèce Aellopus atratus, quant à elle, est également inféodée aux Boraginacées, dont la vipérine. Cette punaise thermophile se nourrit principalement la nuit, des graines qu’elle trouve au sol ou sur la plante. En journée, elle se cache sous les rosettes de son hôte ou d’autres espèces.
Mogulones, des charançons sur la vipérine
Trois charançons du genre Mogulones sont associés aux Boraginacées en Wallonie. Parmi eux, Mogulones geographicus est strictement inféodé à la vipérine. Les larves hivernent dans les racines, tandis que les adultes apparaissent sur les tiges et fleurs de la plante dès la fin du printemps. Une seconde génération s’observe en septembre-octobre. M. asperifoliarum et M. larvatus pondent dans la tige ou la fleur de leur hôte et se développent également à son détriment.
Un longicorne rare sur la vipérine
La phyotoécie bleuâtre (Opsilia coerulescens), un longicorne rare, est facilement observable sur les tiges de vipérine. En plein soleil, cet insecte s’active et devient difficile à observer, mais au petit matin, il est immobile et accessible à l’observation. Les adultes pondent leurs œufs au printemps, et les larves creusent des galeries dans les tiges jusqu’aux racines.
Des papillons de nuit gourmands
Parmi les nombreuses espèces de papillons nocturnes qui se nourrissent sur la vipérine, deux espèces se distinguent par leur voracité : Ethmia bipunctella et Ethmia terminella. La larve de Ethmia bipunctella se nourrit à la fois des fleurs et des feuilles de la plante. À l’état adulte, ce papillon vole principalement de mai à juin, avec une seconde génération apparaissant en automne.
En revanche, la larve d’Ethmia terminella se cache dans un tube de soie, dissimulée au sein des inflorescences, où elle se nourrit des fleurs et des fruits en développement. Les adultes de cette espèce sont actifs plus tard dans la saison, volant de mai à juillet
Un acarien créateur de galles
L’acarien Aceria echii est également inféodé à la vipérine. Il provoque la formation de galles sur les inflorescences, entraînant la transformation des fleurs en petites feuilles. Ce phénomène, appelé phyllodie, est souvent observable en été dans des environnements secs et ensoleillés comme les terrils.
Pour aller plus loin
Si vous souhaitez en savoir plus sur les critères d’identification des espèces mentionnées dans cet article, nous vous invitons à consulter la version complète dans le numéro 05 des Carnets des Espaces Naturels.