Parcs & Réserves – Volume 55 – Fascicule 1 – 2000

Plan Communal de Développement de la Nature à Tellin, politique agricole commune, coccinelle, engoulevent, grand cormoran en Wallonie, ranching de gibier au Burkina Faso.

Sommaire

Page 1 – Éditorial
Page 2 – PCDN : La commune de Tellin… un exemple à suivre – par D. Alexandre
Page 5 – La politique agricole commune ou comment l’Europe anéantit ses campagnes – par O. Lemaitre
Page 8 – Sympathiques mais méconnues, les coccinelles… – par Etienne Branquart
Page 12 – Engoulevents et aménagements forestiers : incompatibles ? – par L. Delahaye
Page 16 – Faut-il avoir peur du Viking noir ? Le Grand Cormoran en Wallonie… – par Jean-Yves Paquet
Page 20 – Rencontre avec la cigogne noire (Ciconia nigra) – par Yves Valenne
Page 21 – Le ranching de gibier : un concept de gestion durable en Afrique de l’ouest ?

À découvrir dans ce numéro

Les coccinelles

Les coccinelles présentent des motifs colorés très contrastés (corps rouge ou jaune à points noirs, orange à taches blanches…). Ces couleurs préviennent leurs prédateurs potentiels : attention, danger. En effet, les coccinelles peuvent sécréter un liquide hautement toxique pour les oiseaux ou les reptiles. Cette technique de défense est appelée « aposématisme », et se retrouve à tous les stades de développement de la coccinelle.
Comme on le croit parfois, le nombre de points présents (7, 14, 24…) sur les élytres n’indique pas l’âge de la coccinelle, mais détermine l’espèce. Il en existe environ 60 dans le Benelux. La grande majorité de ces espèces sont des prédateurs spécialisés. Ainsi, la coccinelle des roseaux (Anisosticta novemdecimpunctata) recherche des pucerons qui vivent sur les phragmites ou les massettes. Cette spécialisation fragilise les populations de coccinelles qui dépendent bien souvent de milieux également fragiles (landes à bruyère, zones humides, pelouses sèches…). Pour une protection efficace de ces coccinelles, il est important de bien connaître les populations présentes actuellement. C’est à ce recensement que s’attache le Groupe de Travail Coccinula.

Les engoulevents et les aménagements forestiers

Cet oiseau migrateur est en régression en Wallonie. De mœurs nocturnes, cet insectivore se nourrit principalement de papillons et de coléoptères. Ses habitats caractéristiques sont les landes sèches à callune ou à bruyère cendrée, avec des arbres éparpillés, tels les bouleaux ou le pin sylvestre. Ces milieux ouverts disparaissent en Wallonie, au profit de plantations d’épicéas. Les coupes à blanc peuvent éventuellement pallier ce manque. Mais ces espaces sont temporaires. Et sans gestion appropriée, elles ne sont pas une solution pérenne. Il faudrait pour cela, dans des massifs forestiers appropriés, entretenir des milieux ouverts en quantité et continûment. La plantation de bouleaux permettrait d’augmenter la capacité d’accueil de l’engoulevent. De même, il faudrait restaurer des chênaies et des pineraies, véritables réservoirs de proies pour l’engoulevent.

Le grand cormoran en Wallonie

En Europe, au début des années 60, la population de grands cormorans comptait seulement quelques centaines de couples. La protection de cet oiseau dans plusieurs pays a permis une croissance des populations. En 1992, on comptait environ 165 000 couples. Mais la protection n’explique pas tout. L’eutrophisation des eaux a entrainé la prolifération de poissons communs dont se nourrit le cormoran (gardon, perche, éperlan, brême). La création de vastes plans d’eau artificiels n’est pas non plus étrangère à cet accroissement.
En Wallonie, la situation du cormoran s’est également améliorée, avec plusieurs milliers d’hivernants en Meuse et en Basse-Sambre, et 2 colonies de couples nicheurs à Obourg et à Harchies.
En ce qui concerne l’impact sur l’ichtyofaune, la prédation du cormoran se fait principalement sur les populations de gardons, espèce abondante. En ce qui concerne l’ombre, il semble que les zones où est présente cette espèce ne sont guère fréquentées par les cormorans.
La prédation sur les piscicultures est une réalité, surtout l’élevage des carpes. Mais des méthodes de dissuasion existent (câbles ou filets). Le tir des cormorans n’est pas une solution, comme le démontre l’exemple de la Pologne. Plutôt que d’incriminer le cormoran, il faudrait s’attaquer aux causes réelles de la pauvreté des eaux piscicoles…

Le ranch de gibier de Nazinga (Burkina Faso)

Le ranch de gibier de Nazinga (RGN) au Burkina Faso est né à l’initiative de 2 frères, Clark et Robert Lungren. Issus d’une famille de pasteurs canadiens, nés au Burkina Faso, ils constatent que les aires protégées font l’objet de braconnage intensif et de pratiques agricoles interdites. En accord avec l’administration du pays, et avec un financement canadien, ils créent une ONG pour la création d’un ranch de gibier. Pendant environ 10 ans, d’énormes investissements d’infrastructure (nouvelles pistes, retenues d’eau, …) seront faits. Des campagnes de sensibilisation à la lutte anti-braconnage seront diffusées auprès des populations locales. Rapidement, le nombre de grands mammifères augmente, atteignant les limites de capacité du site. Les activités de tourisme de vision et de chasse peuvent commencer. Mais le projet capote à la suite de désaccords avec l’Etat burkinabais. Malgré quelques tentatives de relance du projet dans les années ’90, celui-ci n’évolue guère. En février 2000, le gouvernement confère un statut juridique officiel au RGN. Mais beaucoup de travail reste encore à faire. C’est dans ce contexte que la Région wallonne va financer le projet « Valorisation scientifique du Ranch de Gibier de Nazinga » sous la tutelle scientifique de la Faculté Universitaire des Sciences agricoles de Gembloux. Les objectifs développés seront une meilleure connaissance de l’écologie du buffle, animal de chasse prisé au RGN. L’intégration de chercheurs locaux sera également une priorité pour ce projet.