Sommaire
Page 1 – Editorial – par W. Delvingt
Page 2 – La gestion conservatoire de la pelouse calcicole du Chamousia à Vierves-sur-Viroin (prov. Namur, Belgique) – par L.-M. Delescaille
Page 10 – Protection de la biodiversité dans les systèmes agricoles et forestiers : un essai d’analyse – par Gaëtan du Bus de Warnaffe
Page 18 – La journée européenne des Parcs – par J. Stein
Page 19 – La préservation de la qualité des eaux par la gestion des nitrates issus des activités agricoles – par Alain Langer
Page 21 – L’application des mesures agri-environnementales au sein du Parc naturel du Pays des Collines – par P. Miel et V. Desmet
Page 24 – Inventaire, préservation et développement des richesses biologiques du Parc naturel des Plaines de l’Escaut : Gestion des projets à l’aide d’un Système d’Information Géographiques (SIG) – par G. Duhayon
Page 27 – Le Parc Naturel des Hauts-Pays – par Annick Terneus
Page 29 – Etude de faisabilité du Parc naturel de la Senne et de ses affluents – par Eugénie Nottebohn
Page 34 – Le Parc naturel de la Haute-Sûre et de la Forêt d’Anlier – par Thierry Jaumain
Page 37 – Les argiles blanches, une chance pour la multifonctionnalité de nos forêts ? – par P. Verté
Page 40 – Vieux métiers de la forêt – par D. Bilion
Page 41 – Les Editions Eole, un éditeur proche de la Nature
Page 43 – Histoire des loups dans la région de Saint-Léger – par M.-H. Delguste-Van der Kaa
Page 44 – Les brûlis, un outil de gestion de la faune en région Afrique inter-tropicale – par D. Cornelis, C. Lungren, M. Ouedraogo, C. Vermeulen et W. Delvingt
Page 49 – La maladie du hêtre : catastrophe écologique ou accident de la nature – par Jacques Rondeux
À découvrir dans ce numéro
La pelouse calcicole de Chamousia
Les pelouses calcicoles sont devenues rares en Wallonie. Leur préservation nécessite une gestion appropriée. À Vierves-sur-Viroin, sur la pelouse du Chamousia, deux méthodes de gestion, le fauchage et le pâturage ont été testés et comparés sur des parcelles similaires. Ces tests se sont répartis sur trois ans, entre 1994 et 1996. Un inventaire floristique minutieux a été établi au terme de ces tests. Il est apparu que le pâturage ovin s’avère être la méthode de gestion la plus appropriée pour ce type de pelouse. Mais pour être pleinement efficace, il faut respecter la règle d’un maximum de deux moutons par hectare et par an, et ne pratiquer ce pâturage qu’au printemps et au début de l’été.
La biodiversité dans les systèmes agricoles et forestiers
La notion de « protection de la Nature » suscite encore très souvent le débat. Dans le cas des forêts wallonnes, par exemple, la préservation de la biodiversité sonne encore aux oreilles des propriétaires forestiers comme un inévitable sacrifice financier, qu’ils ne veulent supporter.
En France, la création de certains Parcs Naturels est souvent perçue, par les habitants, comme « venant d’en haut », de Paris, loin des préoccupations locales.
Dans les pays du Sud, le nécessaire développement des populations locales paraît incompatible avec la préservation des biotopes menacés.
Ces contradictions pourraient être levées dans une conception intégrative de la conservation de la Nature, qui réunirait les revendications écologiques, sociales et économiques. Des initiatives dans ce sens existent déjà : les banques éthiques, les fermes biologiques…
Dans les pays du Sud, l’agroforesterie et les cultures associées avec faibles intrants montrent un potentiel écologique et social intéressant.
Mais c’est probablement les changements de nos modes de vie qui pousseront peut-être les acteurs économiques à remettre au centre de leurs actions les intérêts humains et écologiques en lieu et place de la création de capital.
Les Parcs naturels
La Journée européenne des Parcs a eu lieu en Belgique à Houffalize le 24 mai 2000. Ce fut l’occasion pour certains de ces Parcs de présenter leurs actions en faveur de la protection de l’environnement. Le Parc Naturel (PN) des Hautes-Fagnes-Eifel a ainsi élaboré un programme pour préserver la qualité des eaux. L’industrie, très peu présente, affecte peu cette qualité. La pollution domestique, elle, est inévitable, mais elle a été fortement diminuée par la construction d’égouts et de stations d’épuration. Restent les pollutions agricoles azotées (effluents d’élevage). Trois actions ont été conçues pour les diminuer : la connaissance de la composition du lisier, qui permet de limiter l’apport des engrais minéraux aux prairies. Le chaulage des prairies pour contrer l’acidification des sols qui réduit la vitesse de minéralisation de l’azote. Et enfin, l’épandage optimal, en fonction de la saison.
Le PN du Pays des Collines promeut auprès des agriculteurs locaux les différentes mesures agroenvironnementales octroyées par la Région wallonne et l’Union européenne, telles que la couverture du sol pendant l’interculture, le sous-semis en maïs et la tournière (lisière des champs) enherbée.
Le PN des Plaines de l’Escaut a, quant à lui, développé un Système d’Information Géographique (SIG), banques de données alimentées par les associations naturalistes, par des missions de terrain ou directement fournies par la Région wallonne. Ce SIG a permis un inventaire biologique précis, permettant une meilleure connaissance du territoire, pour une meilleure protection. De nouveaux « couloirs écologiques » ont pu également être déterminés pour un maillage écologique performant. Enfin, les données du SIG ont permis un meilleur suivi de certains dossiers sensibles, comme, par exemple, le plan des centres d’enfouissement technique.
Le PN des Hauts-Pays (reconnu le 20 juillet 2000) a, dès son élaboration, associé la population et l’ensemble des acteurs locaux dans un souci de développement durable. Il possède une très grande valeur écologique, par la présence d’associations végétales peu communes, par le grand nombre d’espèces végétales rares (telles que certaines orchidées et la luzule de Forster), et d’espèces animales menacées (blaireau). De par sa situation, certaines espèces atteignent là leur limite nord-ouest de répartition régionale.
Le PN de la Senne, non encore reconnu, recèle d’excellents atouts. Malgré une pression démographique certaine, environ 80 % du territoire est rural. La Senne, qui prend sa source à Naast (Soignies) coule à l’ouest. Les plateaux argileux portent les grandes cultures. Les villages, eux, se trouvent principalement dans les vallées. Certains d’entre eux font l’objet d’une protection particulière par l’application du règlement général des bâtisses en site rural : Monstreux, Bornival, Thieusies et Steenkerque.
Au niveau biologique, les sites de grand intérêt se trouvent en nombre le long de l’axe dessiné par le canal Charleroi-Bruxelles. Tous ces atouts ont été mis en avant lors de l’étude de faisabilité. Au terme de celle-ci, 5 communes ont accepté de poursuivre le projet. L’une s’en est retirée, et 2 autres ont postposé leur décision après les élections.
Les argiles blanches
Ces « argiles » sont en fait des sols limono-caillouteux très pauvres, caractérisés par un lessivage du fer, et fortement gorgés d’eau. Actuellement, ces sols sont principalement occupés par des plantations d’épicéas. Mais ceux-ci ont du mal à s’enraciner dans de tels sols, entrainant de nombreux chablis. La Région wallonne, via le Fichier Ecologique des Essences, a considéré l’épicéa comme essence à exclure des argiles blanches. Mais les propriétaires sont réticents, craignant de voir leur revenu diminuer. Reste la question des compensations…