Sommaire
Page 3 – Éditorial – par W. Delvingt
Page 4 – La forêt des Hommes – La forêt dense humide tropicale en Afrique centrale – par W. Delvingt
Page 18 – Séduisante théorie, douloureuse pratique : la foresterie communautaire camerounaise en butte à sa propre législation – par C. Julve, M. Vandenhaute, C. Vermeulen, B. Castadot, H. Ekodeck, W. Delvingt
Page 25 – Le moabi, une espèce « phare » de l’exploitation forestière en Afrique centrale – par J. L. Doucet, Y. L. Kouadio
Page 32 – Le Facteur humain dans les aménagements forestiers intégrés – par C. Vermeulen, R. Feteke
À découvrir dans ce numéro
Un géant aux pieds d’argile
L’Afrique possède 16 % des forêts mondiales, mais représente 49 % de leur destruction. Paradoxe : alors que les ONG réclament l’arrêt de l’exploitation, ce sont les grandes entreprises forestières qui investissent dans la gestion durable, tandis que la vraie menace vient de l’explosion démographique, de la chasse commerciale massive et du pillage illégal. Entre crédits carbone, certification FSC et sols fragiles qui s’épuisent, la course contre la montre est lancée.
Foresterie communautaire au Cameroun : promesse tenue ?
Après dix ans de mise en œuvre, la foresterie communautaire camerounaise fait face à des défis importants : procédures longues (6 ans avant exploitation), coûts élevés (23 000 euros d’investissement initial) et exigences techniques lourdes. Le cas de Medjoh illustre le problème : malgré l’exploitation du bois, tous les bénéfices ont été réinvestis dans les démarches administratives, sans permettre de projets de développement. L’obligation récente d’une Étude d’Impact Environnemental ajoute une contrainte supplémentaire. Un écart persiste entre les objectifs de la loi de 1994 et la réalité du terrain. Une simplification du système s’avère nécessaire pour que les forêts communautaires puissent vraiment contribuer au développement rural.
Le moabi, une espèce « phare » de l’exploitation forestière en Afrique centrale
Contrairement aux idées reçues, l’exploitation forestière en Afrique Centrale n’est pas synonyme de déforestation massive. Le moabi le prouve : cet arbre emblématique peut être exploité durablement grâce à des techniques simples de replantation dans les trouées, avec un coût dérisoire et un excellent taux de survie des plants. Le paradoxe ? Boycotter certaines essences les remplace par d’autres, bien plus rares. Interdire l’exploitation pousse à la conversion des forêts vers des usages encore plus dommageables. Ces forêts ont été modelées par l’Homme et leur avenir passe par une gestion durable, pas par l’interdiction.
De spectateurs à partenaires : la révolution forestière en Afrique centrale
Les nouveaux codes forestiers transforment radicalement la gestion des forêts : les populations locales peuvent désormais négocier l’usage de chaque parcelle. En cartographiant leurs sites sacrés, zones de chasse et de cueillette, une méthodologie innovante crée une « couche sociale » dans les plans d’aménagement. Résultat : 43 % du territoire forestier camerounais passe d’une logique de compensation (écoles, puits) à une véritable cogestion quotidienne avec les communautés.