Parcs & réserves

Loin de la muraille érigée par Philippe-Auguste dans le bois de Vincennes pour conserver ses tout beaux et nouveaux cervidés offerts par Henri II d’Angleterre, le concept de « parc » a largement évolué au fil des siècles. Des zones réservées à la noblesse pour la chasse au Moyen Âge, ils sont devenus des espaces publics de loisirs et de socialisation. Le XIXe siècle a vu l’émergence de parcs paysagers, comme Central Park à New York, influencés par les idéaux romantiques, mais aussi des premiers vastes parcs nationaux dédiés à la conservation de la nature dans l’Ouest américain (Yosemite, Yellowstone).

Loin d’être l’apanage des centres urbains ou des domaines aristocratiques, les parcs belges se sont développés en milieu rural sous forme de parcs récréatifs et ont évolué pour inclure des terrains de jeux (Chevetogne), des installations sportives et des zones de conservation naturelle (Furfooz) ou historique (Aubechies, Bokriijk…), répondant ainsi aux besoins de la population pour occuper une part de ses loisirs dans un cadre harmonieux. Ils hébergent parfois des animaux vivant en semi-liberté. À la moitié du XXe siècle, le concept est étendu à des régions entières où il n’est plus question de recréer un espace clos de nature idéalisée et reconstituée (Domaine des Grottes de Han, Forestia, Pairi Daiza…), mais plutôt de préserver ce qui subsiste encore de nature plus ou moins originelle tout en y développant des activités économiques destinées à valoriser les atouts naturels et culturels de ces zones. Une sorte d’hybride entre les grands parcs nationaux africains et les régions « Pays de… » européennes en quelque sorte. Il est d’ailleurs amusant de constater que l’ancêtre des Carnets des Espaces Naturels se dénommait « Parcs nationaux » et ensuite « Parcs & Réserves » (avec plein d’articles sur la faune africaine !). Avec le temps, le sens de tous ces termes a beaucoup évolué au gré de la législation, de la perception moderne de la conservation de la nature et du développement territorial et touristique.

Dans le numéro précédent (Les Carnets N° 19), nous évoquions la création toute récente des deux premiers Parcs nationaux de Wallonie, celui de l’Entre-Sambre-et-Meuse et celui de la Vallée de la Semois. C’est une excellente chose pour la protection et la revalorisation des espaces naturels. Cependant, le concept de « parc » n’est pas une nouveauté, le premier Parc naturel (Hautes Fagnes-Eifel) a été créé officiellement en Belgique en 1978. La Wallonie comprend désormais treize Parcs naturels éparpillés sur toutes les provinces à l’exception du Brabant-Wallon, dont le Parc naturel Coeur de Condroz venu compléter la liste en 2023.

Alors que les missions des Parcs nationaux se concentrent essentiellement sur la promotion de vastes espaces naturels permettant de développer une dynamique de préservation et de conservation de la biodiversité à des fins récréatives, les Parcs naturels ont, en plus de la protection de la nature, des missions supplémentaires telles que le développement rural, le tourisme intégré et la protection des paysages et du patrimoine. L’aspect « récréatif » n’y est pas prépondérant. C’est ce que ce nouveau numéro de votre revue préférée vous propose de découvrir aujourd’hui.

La « Réserve naturelle de Furfooz » se dénommait aussi jadis « Parc national de Furfooz », mais ce terme est légalement réservé aux Parcs nationaux évoqués ci-dessus et n’a plus cours aujourd’hui. Cependant, il s’agit bien d’un magnifique domaine ouvert au public pour y découvrir toute la richesse de la flore et de la faune locales, sans oublier l’aspect paysager remarquable. En attendant la concrétisation du beau projet de valorisation du site et de l’accueil du public en cours, Ardenne & Gaume vous propose déjà de visiter le tout nouveau site Internet (quadrilingue !) de la réserve : www.reservedefurfooz.be

Cet article est l’édito des Carnets des Espaces Naturels N°20.

Crédit photo : Parc naturel des Plaines de l’Escaut © Thomas Meunier / FPNW

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