Espaces naturels

Heid des Gattes

Les anciennes carrières, les chèvres sauvages et la joubarbe d'Aywaille

La Heid des Gattes compte parmi les sites naturels les plus prestigieux de Wallonie, notamment en tant que station unique de la fameuse joubarbe d’Aywaille, réputée seule plante endémique belge.

Évolution de la réserve

Au sens strict, la Heid des Gattes correspond à la réserve naturelle administrée depuis plusieurs décennies par Ardenne & Gaume et qui avait pour but de protéger de l’appétit des carriers l’un des tout derniers affleurements naturels de la vallée de l’Amblève.

En 2011, la réserve naturelle historique (8 ha) a été fortement étendue et englobe à présent les anciennes carrières du Goiveux et de la Falize, le terril du Goiveux et un ensemble de pâtures bocagères inscrites dans un écrin forestier. Les sites de Chambralles et des Fossettes sont deux sites remarquables qui ont fait l’objet en 2022 d’une demande d’agrément comme extensions disjointes de la réserve naturelle agréée de la Heid des Gattes à Aywaille.

Site à caractère remarquable

La Heid des Gattes se situe en rive droite de l’Amblève entre Remouchamps et Aywaille, sur la première tige du Condroz. Le site se présente comme un versant très escarpé entaillé de plusieurs carrières aujourd’hui désaffectées et intégrées à la réserve tout comme un espace de forêts et de bocages voisins. L’exposition plein sud et la nature très particulière de la roche, un grès à ciment calcaire en bancs minces, ont permis l’apparition de milieux rares, voire inédits dans notre pays.

La réserve naturelle de la Heid des Gattes recèle de multiples biotopes. Les pelouses calcaréo-siliceuses et les substrats rocheux xériques constituent des milieux particulièrement précieux pour la réserve, par leur rareté en Région wallonne et par les espèces exceptionnelles qu’ils hébergent.

Chèvre sauvage dans la réserve naturelle de la Heid des Gattes - Jean-Michel Darcis
Chèvre sauvage dans la réserve naturelle de la Heid des Gattes © Jean-Michel Darcis

Gestionnaires à quatre pattes

La réserve est parcourue par un troupeau de chèvres sauvages qui participent à sa gestion. Ce sont aussi ces pelouses qui exigent le plus grand effort de gestion pour freiner la colonisation par les ligneux. Les pâtures parcourues très extensivement par le bétail des agriculteurs voisins nécessitent une gestion des ronces. Des biotopes humides oligotrophes à charophytes (mares et suintements) sont précieux et impliquent un entretien annuel pour éviter l’atterrissement.

Le troupeau de chèvres sauvages, d’où provient le nom de cette réserve, est présent sur le site depuis toujours et à l’origine de son nom, la harde de chèvres s’est affranchie de l’homme depuis plusieurs dizaines d’années et est devenue férale. Comme tout animal sauvage, les gattes se débrouillent seules, sans intervention humaine. Le caractère sauvage des animaux, la distance de sécurité́ qu’ils mettent entre eux et l’homme, les pentes presque verticales qu’ils fréquentent rendent absolument impossible tout retour à la domestication.

Comme la joubarbe, une des seules plantes endémiques de Belgique, les gattes sont une exception aqualienne et contribuent à juste titre à la réputation du site d’être un des plus beaux et des plus riches biologiquement du pays. Elles constituent un maillon indispensable de l’écosystème de ce site unique protégé en réserve naturelle agréée. Elles accrochent en effet dans leur pelage et sous leurs sabots, les graines des plantes rarissimes des falaises vertigineuses pour les disperser sur la totalité́ du site.

Leur appétit pour les ligneux empêche aussi le reboisement des zones inaccessibles qui serait fatal à l’écosystème. Si la harde de chèvres sauvages est chère au cœur des naturalistes de la réserve, elle appartient surtout au patrimoine historique et naturel de générations d’Aqualiens (habitants d’Aywaille) et de Remoucastriens (habitants de Remouchamps) qui observent chaque jour, avec plaisir et émotion, les chèvres sauvages brouter les falaises verticales dominant l’Amblève.

Joubarbe d'Aywaille (Sempervivum funckii var. aqualiense) - photo : Julien Preud'homme
Joubarbe d'Aywaille (Sempervivum funckii var. aqualiense) © Julien Preud'homme

Végétations uniques pour la région

Du point de vue cryptogamique, signalons la découverte en février 2016 de Teloschistes chrysophthalmus, un lichen considéré comme disparu depuis plus d’un siècle du territoire belge. La réapparition de cette espèce thermophile-héliophile pourrait s’expliquer par la combinaison de deux facteurs : d’une part la réduction de la pollution atmosphérique acide depuis deux décennies, et d’autre part le réchauffement climatique (Steckx et Corhay, 2016).

Le joyau du site, la fameuse joubarbe d’Aywaille (Sempervivum funckii var. aqualiense), a fait l’objet de recherches récentes, notamment par VAN ROSSUM et al. (2017) qui ont étudié sa dynamique démographique pendant six ans (densité de rosettes, production florale, succès reproductif, germination des graines et recrutement de semis), la pollinisation (insectes visiteurs et pollinisateurs potentiels) et la diversité génétique en utilisant des marqueurs ISSR de cette population exceptionnelle.

Photo : Christophe Danaux
Photo : Christophe Danaux
Photo : Christophe Danaux
Photo : Christophe Danaux
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Caractéristiques

SGIB associé

Année

1953

Superficie

63 ha 30 a 07 ca

Conservateur

Jean-Michel Darcis jmdarcis@yahoo.fr 

Accès public

Trois circuits de promenades vous sont proposés dans la réserve :

  • Boucle du Goiveux – 1,9 km
  • Boucle de La Falise – 2,6 km
  • Boucle totale Goiveux + La Falise – 6,9 km

Vous trouverez une carte de ces balades dans le document PDF suivant :

Heid des Gattes

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